La plongée dans les peurs du Moyen Âge, en écho à nos peurs contemporaines, qu’offre cet entretien avec le grand médiéviste Georges Duby, fait un parallèle intéressant entre les peurs et les mentalités d’hier et celles d’aujourd’hui.
Au Moyen âge, l’état de dénuement des populations était tel, que la pauvreté était un lot commun avec la misère que cela pouvait susciter. C’est ce qui faisait aussi que la fraternité était plus développée qu’aujourd’hui.L’entraide et la vie grégaire permettaient de mieux surmonter les duretés des conditions de vie et les famines. Angoissés par leur survie, menacés par les épidémies et familiers de la mort, nos ancêtres, violents mais solidaires, ne connaissaient pas la solitude qui accompagne la misère d’aujourd’hui.
Le récit et l’analyse de Duby demeurent d’une étonnante actualité et frappe autant par les différences que par les concordances avec les mentalités médiévales au travers de cinq grandes peurs : la misère, la peur de l’autre, de la violence, de l’au-delà, et bien sûr : des épidémies.
L’intérêt de l’histoire
D’aprèsGeorges Duby, les similitudes entre notre époque et celle de l’an Mille au XIIe siècle sont plus nombreuses que les différences du point de vue de l’état d’esprit. Mais ce sont ces dernières qui nous apprennent.
Comme pour les deux siècles qui viennent de s’écouler, il s’agissait d’une période de forte croissance, de progrès matériels fantastiques, de multiplication par cinq ou six de la production agricole et par trois de la population. Le monde évoluait rapidement et la circulation des Hommes et des choses s’accélérait.L’évolution des mentalités était également assez rapide. En revanche, ler espect des anciens et plus notoirement le pouvoir de l’Église étaient bien plus marqués.
La faute à qui ?
Autrefois, les épidémies étaient des punitions de Dieu. Les Juifs ont été jugés responsables de la peste noire qui a ravagé l’Europe dès l’été 1348 et en ont payé le prix fort. De nos jours, on a également assisté à cette recherche des boucs émissaires, dans les premiers temps du Sida et actuellement pour la Covid qui a fait beaucoup de morts.
Georges Duby constate que les cérémonies liées à la mort ne soient plus du tout comparables à ce qu’elles étaient autrefois.L’homme du Moyen-Âge avait la certitude de ne pas disparaître complètement en attendant la résurrection, là où selon lui, la perte du sentiment religieux a fait de la mort une épreuve terrifiante, une bascule dans les ténèbres et l’inconnaissable.
En conclusion
Je trouve intéressant de constater que certaines peurs n’ont pas changé alors que d’autres se sont déplacées, notamment celle de la mort qui concernait à l’époque celle du jugement dernier et de nos jours qui concerne plutôt le néant post mortem.