— Myriam… Myriaaam. Viens dans la véranda.
— J’arrive.
— Les plantes vertes du petit… disparues.
Les parents font le tour de l’appartement. Aucun tiroir ouvert, aucune armoire visitée, tout est en ordre. Les voleurs n’ont emporté que les plantes. Les parents sont d’autant plus désolés que leur ado avait enfin trouvé sa voie. Leur rejeton voulait devenir botaniste. Ils sont tellement fiers de lui en passe. Et il en faut des qualités pour ce métier : vérifier, décrire, classer, rédiger et…cultiver. Il faut reconnaître que Mathias a la main verte. Pour commencer ses expériences, il avait décidé de se spécialiser dans les Dicotyledoneae. Un nom compliqué quand on n’y connaît rien.
— Georges, faut appeler la police.
— La police ? Que veux-tu qu’elle fasse ? Voler des plantes vertes, c’est ridicule ! Attendons Mathias.
— Le petit va tomber de haut, il s’était enfin trouvé une passion… Ses dico..,dicomachin, je ne sais même plus leur nom, bref cette herbe. Tu sais Georges, à mon avis, ce ne peut être que ses copains. Jaloux, j’te dis, ce sont eux qui ont fait ça, c’est la seule explication.
En attendant le retour de leur petit savant, les parents sont anxieux, craignent la réaction de leur fils. A son arrivée, ils lui annoncent la nouvelle avec ménagement et le conduisent sur le seuil de la véranda en le tenant par la main.
— Oh ! mon chéri, dit Myriam en le prenant dans ses bras, je suis si triste pour toi. Elle était magnifique ta plantation. En plus, tes observations commençaient à porter leurs fruits, heureusement qu’il te reste tes notes. Quelle déception ! Tout est à recommencer. Dis-nous que tu ne vas pas te décourager pour autant. Hein dit ?
Le garçon regarde le désastre, puis hausse les épaules et les rassure.
— Bah !laissez tomber je vais en semer de nouvelles.
Et en effet, Mathias ne baissa pas les bras. En parents impliqués, ils suivirent l’évolution de sa nouvelle culture avec enthousiasme et, surtout, ils l’encouragèrent.Bientôt, de grandes plantes vertes luxuriantes envahirent à nouveau la véranda et Mathias leur annonça fièrement qu’elles seraient bientôt à maturité. La nouvelle plantation arriva à maturité avec onze limbes foliaires, alors que la dernière en n’avait que neuf. Quelle joie de voir que le petit progressait dans ses recherches.
Cette fois, sans rien dire à Mathias, le père installa une caméra dans la véranda. En cas de vandalisme, cette fois il aura une pièce à conviction à apporter au poste de police.
Un jour en rentrant, les parents trouvèrent à nouveau la véranda vide de ses plantes. Le travail de leur fils était à nouveau anéanti mais cette fois le ou les coupables allaient le payer. Sans attendre son retour, Georges prit le support informatique et se rendit illico à la police. Les agents promirent de le visionner et de le contacter aussitôt.
Alors que Mathias venait d’arriver à la maison, la sonnette de la porte d’entrée retentit. Georges, s’empressa d’ouvrir :
— BonjourMessieurs, entrez, entrez, je vous attendais. Alors ?
Les policiers entrèrent, l’air grave. L’un d’eux s’adressa directement à Mathias.
— Heureux de faire ta connaissance Mathias.
— Bonjour M’sieur.
— Allez champion enherbe, il faut que tu t’expliques.
— Vous avez visionné la video ? s’empresse le père de demander.
— Oh oui ! et je vous informe que cultiver du cannabis c’est illégal, Monsieur.
— Ce sont des Dico… bredouille la mère.
— Oui, des Dicotyledoneae, vient à son aide le père.
— Oui, du canabis !
— Vous plaisantez !
— Non, monsieur dame, j’ai bien peur que votre fils a tourné en mauvaise herbe.