Chat alors…

Au commencement, Dieu créa le chat, un félin aux yeux surnaturels phosphorescents, pailletés d’or. Le Magnifique passe son temps à lécher sa robe de poils aux motifs sophistiqués, à ronronner et à se vouer à la paresse. Chaque jour plus indolent, égoïste et sans reconnaissance pour son créateur ; le ciel se lasse de ce fainéant et demande à Dieu de créer l’homme !

 

Aussitôt le Besogneux apparaît sur terre, avec pour mission de lui inculquer des valeurs. Le chat trouve le bipède étrange, sans grâce puisque quasiment à poil. En douce, il le regarde bosser. Que de stress ! Que de gesticulations ! Mais que de résultats, se dit l’animal en se frottant les pattes. Son instinct lui dit que l’homme ne tardera pas à tomber sous son charme et à se métamorphoser en adorateur des félins.

En effet, à chat qui sait attendre, tout arrive : la reconnaissance, le gîte et le couvert. Plus que conquis, l’homme invente une loi interdisant à quiconque de le contrarier et de l’injurier. Sont expédiés en prison les allergiques aux poils, les félinophobes et les racistes qui le traitent de « Chat de gouttière ».

Opportuniste, l’animal sait y faire ! Il patoune, geste d’affection du plus grand effet et ça fonctionne. Ce faisant, il capte les mauvaises ondes, les absorbe, les inverses si nécessaire, pour rendre l’atmosphère paisible, favorable à la détente de son esclave . Et si la méthode douce ne suffit pas, qu’à cela ne tienne : il le snobe pendant deux ou trois jours pour le remettre à ses genoux… pardon, à ses coussinets.

Au fil du temps, il devient une star. Il s’exhibe dans les tableaux de Picasso, Miro, et de bien d’autres peintres, s’invite dans la littérature, danse et chante dans les comédies musicales. Tout cela pour flatter les egos de ces admirateurs.

Appelons un chat un chat ! Qu’on se le dise, l’animal est loin d’être tout blanc ou tout noir. Certains prétendent, qu’autrefois, il n’était pas de si bonne compagnie ? Il aurait été de mèche avec les sorcières, associé au diable et aux flammes de l’enfer. Il serait donc maléfique et porterait malheur, surtout en robe noire.

Chat alors ? Pour ma part, j’ignore si ces sornettes sont fondées… Je préfère donner ma langue au chat.

Danielle Cudré-Mauroux